Circuit des bois de la Barre

Circuit des bois de la Barre

À la Ferté sous Jouarre, création d’un circuit à la découverte des carrières de meules

Les bois de la Barre, achetés par le conseil départemental de Seine et Marne, en 1993 et 1999 ont fait peau neuve. Le premier circuit accueille désormais des panneaux expliquant que jadis, sur ce site, on extrayait des pierres pour les meules des moulins. Les arbres et la faune ont repris leurs droits et le site est classé espace naturel sensible. Le dessinateur Philippe Chapelle, s’appuyant sur les conseils de Moleriae, a réalisé les planches qui expliquent l’histoire et l’intérêt du site sous forme de bandes dessinées.

La bande dessinée qui illustre les panneaux a été réalisée par Philippe Chapelle. (©Département de Seine-et-Marne)

Grand moulin de Peyrassoulat

Grand moulin de Peyrassoulat

Découverte d’un ancien moulin et fouilles archéologiques

Les fouilles menées sur le site du Grand moulin de Peyrassoulat ont été réalisées par le bureau d’études Éveha sous la responsabilité d’Anh Linh François dans le cadre du projet d’aménagement du Syndicat mixte des bassins Bandiat-Tardoire. Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour le radier de fondation de la digue du canal d’amenée du moulin ainsi que son système hydraulique et son vannage.

La construction de la digue

Les différents sondages et coupes opérés sur le site ont permis d’observer deux méthodes bien distinctes dans le mode de construction au niveau de la digue.

La première, localisée au niveau du lit actif de la Tardoire, se distingue par des sablières de fondation placées sur le fond de la rivière et étanchéifiées en amont par une couche d’argile grise. Elles sont ensuite recouvertes d’un remblai

composé de pierres et de graviers orangés pour être finalement habillées par le parement du mur du canal (Fig.1). La coupe de ce sondage met en évidence un profil trapézoïdal du mur, avec une large base permettant de résister à la forte poussée hydraulique.

L’utilisation de ce mode de construction atteste d’un système spécifique à cette zone où la partie du barrage est également située dans le lit actif de la Tardoire.

La seconde méthode a pu être observée par le sondage réalisé au centre du seuil, en lit majeur. Ceci a permis de mettre en évidence trois phases de construction avec un premier creusement au niveau de la rivière afin d’assoir les fondations et l’installation d’une première sablière, puis une superposition et un chevauchement de deux autres sablières sur le fond de la rivière avec les premières assises appareillées du mur (côté interne du canal) et enfin, l’ajout de la culée (côté externe vers la rivière), pour venir renforcer et soutenir le mur principal (Fig. 2).

Figure 1- négatif de la sablière et du remblai d’argile accolé. Crédit : Éveha, 2023

Figure 2 – Sondage dans la partie centrale de la digue avec le radier de fondation en bois. Crédit : Éveha, 2023

Le moulin

Le dégagement et le nettoyage de la façade sud du bâtiment principal du moulin a permis d’observer les états antérieurs du bâti. Trois phases principales sont visibles dont celle figurant sur le cadastre napoléonien. Cette dernière est présente au niveau de deux des trois ouvertures du niveau inférieur à l’est où l’on peut encore observer les axes en bois des roues précédentes (Fig 3). Un assemblage en bois présentant des encoches ont d’ailleurs été découverts lors du curage au niveau du radier (Fig 4).

Figure 3 – Mur sud du moulin avec sa roue métallique et les trois ouvertures pour l’emplacement de roues antérieures dans la partie plus ancienne du moulin. Crédit : Éveha, 2023

Figure 4 – Vannage et radier du canal d’amenée en amont de la vanne constituée de sablières percées à mi-bois et maçonné. Crédit : Éveha, 2023

Le début du curage du canal d’amenée, qui visait à rouvrir un passage pour détourner la rivière, a permis la mise au jour d’un élément lapidaire circulaire. Ce dernier, percé en son centre de façon transversale, présentait un profil campaniforme. La présence de l’emplacement de l’anille (fer incrusté et scellé dans la meule tournante d’un moulin, et solidaire de l’axe ou de la manivelle d’entraînement) autour de l’œillard (ouverture qui reçoit l’axe d’une roue de moulin) suggère une meule rotative. Les vestiges de pointes métalliques aux extrémités de l’anille servaient probablement d’ancrage au niveau de l’axe (Fig. 5) À travers l’étude de ce site et de son environnement, cette opération a permis d’apporter des données dans le but de renseigner le passé industriel de cette section de la Tardoire, tout en replaçant le moulin dans son contexte archéologique et historique. Les prescriptions de suivi de travaux archéologiques de ce type d’ouvrage hydraulique restent encore peu nombreuses sur le territoire national. Les études du mobilier ainsi que des données récoltées se poursuivent actuellement et permettront d’affiner nos connaissances de ce site et de son occupation.

Figure 5 – Meule campaniforme avec l’emplacement de l’anille. Crédit : Éveha 2023

Anh Linh FRANÇOIS Docteure en archéologie – Chargée de projet – service plongée / fouille en milieux confinés Documentation transmise par Christian Ranchon

Remarque de François Boyer : la forme tronconique de la meule et le lissage du champ évoque un « meuleton » fonctionnant verticalement dans un moulin à huile, de noix en particulier pour la région considérée

Meules et Moulins de la KRKA

Meules et Moulins de la KRKA

Meules et Moulins de la KRKA

Le parc national de la Krka, s’étend à quelques kilomètres de Sibenik en Croatie sur près de 109 km². Les chutes de la rivière Krka constituent sa principale attraction. Cette rivière, longue de 72 km, est le plus étonnant des cours d’eau du karst croate. Sur les deux tiers de sa longueur elle coule dans de profonds canyons en se frayant sa voie vers la mer Adriatique. De nombreux moulins étaient installés sus ses bords, avec des meules particulières

http://fr.wikipedia.org/wiki/Parc_national_de_Krka

Site archéologique des Fossottes à La Salle

Site archéologique des Fossottes à La Salle

Site archéologique des Fossottes

Région : Lorraine / Département: Vosges

Coordonnées GPS : 48° 19′ 26″ nord, 6° 49′ 39″ est

Le site archéologique au lieu-dit « les Fossottes », situé à La Salle (Vosges), correspond à des carrières d’extraction de meules en pierre.

 

Implantation

Ce site est connu depuis le xixe siècle. Dans le détail, il existe deux toponymes différents, « les Petites Fossottes » sur la rive gauche de la Valdange, et « les Grandes Fossottes » sur la rive droite. Ces carrières, aujourd’hui sous couvert forestier, se présentent sous une forme circulaire pour les plus grandes et semi-circulaire pour les plus petites dans les versants. Actuellement, une trentaine de carrières ont été repérées sur plus de 22 hectares.

 

Carrières de meules

À ces carrières se superpose le gisement de rhyolite en profondeur sur une surface de 35 hectares environ.

La rhyolite, de par ses caractéristiques et sa composition, notamment ses gros grains de quartz monocristallins, qui présentent de nombreuses arêtes naturellement vives, présente un avantage particulièrement recherché pour ce qui est du processus de mouture2. Ainsi, plusieurs sites de production de meules à grain ont été identifiés au sein de ces carrières. Le type le plus ancien correspond à des meules plates dites « à va-et-vient », datées de la fin du premier âge du Fer et plus précisément de 530 à 475 avant notre ère (Hallstatt D2-D3).

Au second âge du Fer, une fabrication de moulin rotatif à bras, d’un diamètre de 35 cm en moyenne, a été identifiée et datée du iie et ier siècles avant notre ère (La Tène D).

Pendant la période gallo-romaine, la fabrication de meule à grain en rhyolite va continuer et les moulins rotatifs ont un diamètre moyen de 45 cm3.

Des meules plates des « Fossottes » ont été retrouvées sur les sites de hauteur de Varrinchâtel, à Étival-Clairefontaine4, ainsi que sur le Chastel de Taintrux. Des moulins rotatifs laténiens des « Fossottes » également ont également été retrouvés sur les sites de hauteur de la Pierre-d’Appel à Étival-Clairefontaine, sur la Bure à Saint-Dié-des-Vosges5 et au Chastel de Taintrux. Le site de La Salle quant à lui a fourni de nombreuses meules à grains, qui ont été distribuées dans tout le quart nord-est de la Gaule et sur des sites de consommation importants comme Boviolles, ou encore le Fossé des Pandours.

Meules plate à grains

Meules plate à grains dites à va-et-vient

Moulin rotatif à bras

L’étude des ébauches retrouvées, sur le site et aux environs, permet de localiser des espaces de travail spécialisés. La fouille d’une de ces carrières met en avant la fabrication d’ébauches grossièrement taillées au sein même de ces carrières et la réalisation de produits finis dans des ateliers de tailleur de pierre. La découverte d’ébauches de mortiers sur place et la comparaison avec des artéfacts trouvés en fouille sur d’autres sites illustrent également la diversité de cette production.

Au niveau local, et plus précisément dans le bassin de Saint-Dié, les sites de hauteur, comme la Bure, la Pierre d’Appel, le Chastel ou encore le Varrinchâtel, qui ceinturent les « Fossottes », fournissent de nombreux exemples permettant d’approcher ces meules au sein de ces sites de consommation, et à l’intérieur même d’un vaste corpus constitué de meules en rhyolithe, en grès et en basalte. Cette étude met en avant un commerce à courte distance sur les voies de communications antiques carrossables devenues pour l’occasion des routes de commerce. À l’échelle régionale, l’étude des meules des « Fossottes » illustre au contraire un commerce organisé sur les principales rivières (actuellement la Meurthe, la Meuse, la Moselle) et leurs affluents pour acheminer cette production sur le lieu de leur destination. L’étude de ces meules en contexte archéologique a permis la réalisation d’une chrono-typologie, et de mettre en avant les réseaux de diffusion à différentes échelles. De plus, les meules en rhyolite de La Salle semblent détenir l’exclusivité du « marché » de la meule au Hallstatt et à la Tène face aux meules réalisées dans d’autres matériaux, mais à la période gallo-romaine la tendance va s’inverser et les productions de La Salle vont décliner face aux meules en basalte.

 

Fouilles et aménagement du site

Le site des « Fossottes », et plus précisément la carrière no 11, ont bénéficié d’opérations de fouilles archéologiques programmées en 2007, 2008 et 2009. Par ailleurs, un sentier de randonnée d’une longueur de 1,2 km a été mis en place par la municipalité de La Salle dans le cadre de la réalisation d’un sentier archéobotanique.