Meulière du Pinail
De l’an 850 à 1890, les carrières de meules de Vouneuil-sur-Vienne (Vienne)
Les carrières se trouvent dans la forêt du nom évocateur de Moulière, ancienne forêt royale située à 15 km au nord-est de Poitiers, qui s’étend sur un plateau entre les vallées du Clain, à l’ouest, et de la Vienne, à l’est.
Si le site est si vaste, s’il fut exploité durant plus de 1000 ans, comptant plus de 20 000 fosses d’extractions et s’étendant sur 25 km, il n’a point pour autant fait l’objet de fouilles archéologiques poussées ni d’écrits sur la commercialisation des meules extraites.
Une littérature parsemée (mémoires, traités historiques, essais sur l’organisation du travail), émanant d’historiens, de géologues, n’identifiant pas toujours clairement la Forêt de Moulière, ont permis tout de même de s’assurer de l’activité des carriers sur un long temps.
Dans la Réserve du Pinail, 3 000 fosses ont été répertoriées. Le Pinail est situé au nord de la Forêt de Moulière.
C’est aujourd’hui un paysage de landes à bruyère et d’ajonc nain, parsemé de mares, qui sont les vestiges de l’extraction de pierre meulière. Commencée à fin du premier millénaire, l’exploitation s’arrête à la fin du XIXe siècle.
Christian Ronchon inventeur des meulières de Roche La Molière (Loire) devant une série de meules du Château du Pinail (Viennne) Photo Daniel Mazouin
Vestige d’une meule monolithe repérée à l’entrée de la réserve naturelle Charpentier Éric
La roche de ce site est du silex, se présentant sous forme de bancs discontinus, enfouis sous la glaise, que les meuliers devaient dégager pour trouver la matière.
Une production de 500 à 600 meules est estimée au XVIIIe siècle.
La pierre, blanche, idéale pour la mouture du froment, qui a fort intéressé les seigneurs locaux, était exportée par la Vienne, puis la Loire. Des marchands de Châtellerault et de Vouneuil en contrôlaient la commercialisation. Des meules ont été retrouvées au fond de la Vienne, au port de Chitré, près du moulin.
En 1980, le site est classé « Réserve Naturelle Nationale ». Il occupe une surface de 135 hectares et protège un ancien site d’extraction de pierres pour les moulins qui a engendré ce terrain parsemé de centaines de mares. Ce paysage lunaire interroge un public non averti, pouvant avoir du mal à imaginer qu’il y a 134 ans, les coups secs entendus à la ronde ne venaient point d’un champ de bataille, mais d’un site industriel d’où l’on extrayait le cœur des moulins, qu’ils soient à eau, à vent ou à manège, et peut-être aussi des pierres à aiguiser, et sûrement des matériaux de construction.
Après la fin de l’exploitation, les cavités laissées par les carriers ont laissé place à des mares de différentes envergures où flore et faune remarquables se sont installées, d’où le classement du site comme Réserve Naturelle.
Cette Réserve Naturelle est gérée depuis 1989 par l’Association GEREPI (Gestion de la Réserve du Pinail) dont les missions sont de rédiger et de mettre en œuvre le plan de gestion et d’assurer le suivi scientifique, l’accueil du public et la surveillance au sein de la Réserve.
La Réserve Naturelle du Pinail offre un sentier de découverte accessible gratuitement toute l’année, permettant de découvrir un paysage original de landes et de mares. L’itinéraire aménagé et balisé de 2 km parcourt cette ancienne carrière meulière devenue un refuge pour plus de 2 500 espèces d’animaux, plantes et champignons, aujourd’hui préservés. Panneaux d’information et interface numérique avec des vidéos spectaculaires accompagnent les visiteurs, qui peuvent également se joindre aux sorties et visites régulières proposées autour de l’histoire du site, la biodiversité (plantes carnivores, libellules, grenouilles, etc.) et la gestion d’une Réserve Naturelle Nationale.
Un très bel exemple de sauvegarde d’un site industriel d’extraction de meules dont la mémoire est conservée.
